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E-mail & CO2

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Moins démesuré que pour les vidéos en ligne (voir le rapport https://theshiftproject.org/article/climat-insoutenable-usage-video/ et suivre le résultats des recherches de TheShiftProject pour plus de détails), l’impact carbone des e-mails n’en est pas pour autant négligeable. Ce (fabuleux) canal de communication, un temps annoncé comme le sauveur des arbres, avant d’être blâmé comme l’un des responsables du changement climatique, possède l’avantage d’être connu et utilisé par le plus grand nombre. Ainsi, si chacun changeait quelques petites habitudes quant à son usage, des tonnes de CO2 pourraient être économisées.

Petit tour d’horizon des usages de l’e-mail, et leur impact carbone.

Impact carbone d’un e-mail

On va tricher, mais on va dire que “ça dépend”.

L’ADEME calculait en 2011[1] qu’un e-mail de 1Mo envoyé à 1 personne générait 19g de CO2, tandis qu’en 2018, le Think Tank TheShiftProject calculait 0.03g[2] de CO2 généré pour ce même e-mail. La différence n’est pas l’année du calcul, mais la méthode: le résultat change grandement si l’on prend en compte toute la chaîne de production et consommation ou non : production de l’ordinateur ou du smartphone, production des équipements réseau, production des câbles en cuivre ou fibres optiques, etc.

Parmi les autres facteurs importants se trouve le pays par lequel l’e-mail transite. Si la moyenne Européenne est à 276g de CO2 émis pour produire 1 kWh d’électricité, la France n’en émet “que” 35g (d’après les chiffres de TheShiftProject), grâce à la part importante du nucléaire.

S’ajoutent encore d’autres critères, comme le stockage des messages et de leurs potentielles pièces jointes, ou des images illustrant les e-mails marketing, le temps passé à concevoir le message, à s’échanger les .psd en pièce jointe, extraire les destinataires …

Bref, la vérité se trouve sans doute quelque part entre ces deux chiffres, difficile donc de dire combien d’équivalent de tours du monde en avion vos e-mails génèrent chaque jour, mais quoi qu’il en soit, il y a indubitablement du potentiel d’amélioration.

Les e-mails persos

Peut-être que cet e-mail intitulé “liste de course”, ou celui-ci envoyé par votre marque préférée, quand c’était votre marque préférée il y a 8 ans, comprenant un code de réduction valide pendant un mois, ou encore celui-là, vous informant que votre commande a été envoyée (celle qui vous a été remise la semaine dernière) … ne sont pas d’une grande utilité dans votre boîte mail. Poubelle !

Peut-être que les vidéos de chatons envoyés par cette tante sympa n’ont finalement pas grand intérêt à rester ad vitam dans les limbes de votre boîte mail non plus …

Une étude[3] avance que si chaque Britannique ne répondait plus “merci” une fois par jour, l’équivalent carbone de 81 152 vols Londres-Madrid serait économisé (l’article ne dit pas combien cela représente de stades de foot d’arbres, c’est dommage). En France, on préfèrera je l’espère ne dire merci ou autre chose que lorsque c’est nécessaire.

Et ces newsletters qui arrivent quasi-quotidiennement et que vous ne lisez jamais ? Désabonnement !

Les e-mails au boulot

Notre monde moderne dispose désormais de solutions collaboratives efficaces, et si le “cloud” génère son lot de critique quant à son impact environnemental, il y a pire : envoyer des documents Word, Excel ou Powerpoint en pièce jointe, à 15 personnes, dont la plupart ne les ouvrira pas. S’il s’avère absolument nécessaire d’envoyer une pièce jointe, compressez-la !

D’ailleurs, ces pièces jointes … n’oubliez pas de les supprimer de vos réponses, ou même de votre boîte mail.

Par ailleurs, lors de la rédaction d’un email, ayez en tête que la version HTML sera toujours nettement plus lourde que la version texte brute.

Enfin, on hésite souvent à supprimer un e-mail “au cas où” on aurait besoin de le retrouver plus tard. Dans ce cas, paramétrez au moins votre système d’archivage pour que ces e-mails restent accessibles si nécessaire, mais en prenant moins de place s’ils sont compressés.

Les e-mails marketing

Attaquons-nous maintenant à un gros morceau. Qu’ils soient en masse ou “triggered”, les emails marketing sont, de par leur volume et leur taille, logiquement montrés du doigt. Mais ils sont également un formidable vecteur autant pour porter un message, raconter une histoire, ou proposer des offres commerciales. Et c’est un média apprécié, puisque plus d’un quart des destinataires ouvrent les e-mails marketing qu’ils reçoivent[4]. Mais on peut toujours faire mieux !

Par exemple, en ne ciblant que les destinataires pertinents pour le message concerné, on s’assure un taux élevé de réaction. De même, si ce n’est pour le ROI de votre campagne, veillez à exclure les contacts inactifs de vos envois, vous participerez à aider la planète !

Evidemment, les pièces jointes sont à proscrire des e-mails marketing. Si nécessaire, mettez un lien vers le fichier, que seuls les lecteurs iront éventuellement chercher. Une pièce jointe ne sert pas à quelqu’un qui ne lit pas l’email, mais pèse dans le bilan carbone.

Pensez à archiver ou supprimer vos designs : vos emails marketing d’il y a 6 moins ne sont sans doute plus pertinents aujourd’hui, et les images les constituant sont hébergées inutilement.

Pour avoir une idée de l’empreinte carbone de vos campagnes, jetez un œil à la calculatrice de l’ami Nicolas Drouet : https://greenet.bubbleapps.io/.

Au-delà de l’impact direct de vos campagnes e-mail et des actions opérationnelles inhérentes (coût de fabrication et consommation électrique de l’ordinateur qui a servi à faire le design ou paramétrer la campagne …), demandez à vos prestataires quelle est leur empreinte carbone ! Si vous n’obtenez pas immédiatement une réponse, vous aurez peut-être fait germer l’idée qu’il est grand temps de se poser la question.

Le Spam

Selon Cisco Talos[5], environ 85% des e-mails transitant sur Internet serait du spam. Ca fait environ 242 milliards de spams par jour. D’après mes recherches se basant exclusivement sur les spams que je reçois (et donc qui omettent les messages rejetés par les filtres anti-spams de mes boîtes mail), un spam pèse en moyenne entre 15 et 20Ko, ce qui est relativement léger. Mais 242 milliards de léger, ça commence à faire un peu lourd quand même. Donc ces 4840 Téraoctets de spam, d’après https://greenet.bubbleapps.io/ ça représente 1 298 250 Km parcourus en voiture. Soit plus de 32 fois le tour de la terre. Par jour, donc. 

Bref, le spam ça pollue nos boîtes mails, et notre air par la même occasion.

Conclusion

L’impact carbone de l’email que l’on utilise tous les jours peut sembler dérisoire comparé à celui du spam ou du streaming vidéo (ou des voyages en avion, des déplacements en voiture, etc.). Pour autant, la lutte contre le réchauffement climatique est aussi faite de petites actions individuelles, qui mises bout à bout, feront une différence. Il n’y a pas de bonne raison de ne pas s’y mettre !

Auteur.e : Houda El Joundi (photo ci-dessous) et Benjamin Billon

Houda El Joundi

[1] https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-face-cachee-numerique.pdf

[2] https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2019/10/Lean-ICT-Materials-Liens-%C3%A0-t%C3%A9l%C3%A9charger-r%C3%A9par%C3%A9-le-29-10-2019.pdf

[3] https://www.ovoenergy.com/ovo-newsroom/press-releases/2019/november/think-before-you-thank-if-every-brit-sent-one-less-thank-you-email-a-day-we-would-save-16433-tonnes-of-carbon-a-year-the-same-as-81152-flights-to-madrid.html

[4] 25.3% d’ouvreurs uniques par campagnes envoyées via Splio, en moyenne, en 2020

[5] https://talosintelligence.com/reputation_center/email_rep

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